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Je suspendis ma respiration, j’écoutai avidement…

Maintenant que je suis de sang-froid, je me demande si j’agissais alors sous l’empire de quelque soupçon. Je suis forcée de convenir que je n’en avais aucun ; cette résolution fut instantanée, involontaire.

J’écoutai avidement.

Le sable qui criait sous les pieds d’Ursule et de Gontran pendant leur marche m’empêcha d’abord d’entendre, de rien distinguer.

Quand ils furent à quelques pas de moi, je saisis ces mots que disait Ursule de sa voix la plus douce et la plus mélancolique :

« … Tant de tristesse dans la solitude… car c’est être seule que d’être… ».

Je ne pus rien entendre de plus.

Gontran et elle, arrivant au bout de l’allée, se retournèrent, s’éloignèrent, et le bruit de leurs pas cessa d’arriver jusqu’à mon oreille.

Dans les mots d’Ursule que j’avais surpris, rien ne devait m’étonner ou me blesser. Ma cousine, fidèle à sa manie de passer pour une femme incomprise et malheureuse, répétait sans doute a Gontran le romanesque mensonge