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Mon cousin me quitta.

Restée seule, je m’assis rêveuse sur un banc situé au pied d’un groupe de pierres peintes représentant un berger et une bergère.

Ces statues, assez communes dans les jardins du siècle passé, s’élevaient au bout de l’allée dont j’ai parlé. Leur piédestal était large, carré et entouré de quatre bancs.

De la façon dont j’étais placée je tournais le dos à l’allée et j’étais absolument cachée par la hauteur de ce petit monument.

Je ne sais pourquoi au lieu de songer à mon bonheur, à Gontran, je pensai à la perfidie d’Ursule ; depuis la scène de la veille ma cousine m’avait constamment évitée.

Tout-à-coup j’entendis sa voix. Elle causait avec quelqu’un et se rapprochait peu à peu.

Un serrement de cœur me dit qu’elle parlait à Gontran.

J’écoutai… je ne me trompais pas.

Au lieu de me lever et d’aller rejoindre Ursule et mon mari, j’eus la honteuse pensée de vouloir surprendre leur conversation.

Sans raison, sans motifs, un éclair de jalousie m’avait soudainement traversé le cœur.