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injuste envers la Providence pour regretter presque la teinte de mélancolie et de tristesse que le chagrin avait jusqu’alors donnée aux traits de Gontran.

Il me sembla follement que, malheureux, il m’appartenait davantage.

Le voyant si jeune, si beau, si gai, si brillant, et alors si libre de toute malheureuse préoccupation, j’eus presque peur pour l’avenir.

J’avais déjà ressenti les horribles tortures de la jalousie, et pourtant, en s’occupant de la princesse Ksernika, Gontran n’avait fait qu’obéir aux menaces de M. Lugarto… et pourtant Gontran était alors dévoré d’inquiétudes ; d’un moment à l’autre il pouvait être déshonoré ; malgré cela n’avait-il pas été charmant auprès de cette femme ? Qu’eût-il donc été si son goût, si son caprice l’eussent seuls décidé à s’occuper d’elle ?…

Bientôt je rejetai ces tristes pensées loin de moi comme un outrage au bonheur qui m’était rendu.

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Hélas ! cette crainte était un pressentiment.