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rait les véritables motifs de son brusque départ et de son retour. Je craignais qu’il ne mentît trop bien… cela m’aurait rendue défiante pour le reste de ma vie.

Je concevais que jusqu’alors il m’eût caché le funeste secret qui existait entre lui et M. Lugarto. Cet aveu n’eût pas sauvé Gontran, et il aurait soulevé en moi les plus épouvantables terreurs… Mais il allait avoir à m’expliquer une assez longue absence ; je n’aurais pas voulu qu’il fît preuve de trop d’imagination pour m’en rendre compte.

Mes craintes ne se réalisèrent pas. Gontran évita pour ainsi dire le mensonge en m’avouant une partie de la vérité ; il me dit qu’il avait eu de grandes obligations d’argent à M. Lugarto, qu’en outre celui-ci avait eu entre les mains des papiers fort importants qui pouvaient compromettre non-seulement lui, Gontran, mais l’honneur d’une famille de la manière la plus funeste, me laissant entendre qu’il s’agissait des lettres d’une femme.

M. de Lancry ajouta que pour ravoir ces papiers, qui n’étaient plus en la possession de M. Lugarto, il lui avait fallu aller en Angle-