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depuis quelques mois, tant le contraste de ce passé sombre et douloureux donnait d’éclat à ma situation présente.

Ce qui prédomina surtout au milieu du chaos de tendres émotions qui m’agitèrent au retour de Gontran, ce fut une sérénité profonde, une confiance entière dans l’avenir ; je ne croyais pas aux bonheurs parfaits ; il me semblait que ma vie venait d’être assez durement éprouvée pour que je pusse, sans prétention exorbitante, compter désormais sur des jours calmes et heureux.

Chose étrange ! avant l’arrivée de Gontran ; j’étais quelquefois effrayée en tâchant de me figurer ce que je ressentirais à son retour, en pensant à sa mauvaise et fatale action ! En vain, ne pouvant l’excuser, je m’étais dit que j’aurais agi comme lui ; je redoutais néanmoins ma première impression ; mais en le revoyant, j’oubliai complètement l’acte honteux qu’il avait commis.

Je ne fus préoccupée que du désir de lui cacher la nuit terrible que j’avais passée dans la maison de M. Lugarto. J’étais aussi avide de savoir comment M. de Lancry me déguise-