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la victime… et qu’elle veut s’en aller avec sa honte.

— Non, madame, ne croyez pas cela — dit tristement Ursule ; — je me tais, parce que je respecte, parce que j’admire le sentiment qui vous dicte votre conduite ! Oui, madame, rien n’est plus saint à mes yeux que l’amour d’une mère pour son fils ! Si j’osais comparer l’amour d’une femme pour son mari à cette affection sacrée, je vous dirais que je comprends toutes les jalousies, tous les dévoûments si aveugles qu’ils soient, parce que moi aussi je suis capable de les ressentir. Encore un mot, madame, depuis le commencement de cette discussion cruelle, Mathilde, ma cousine, ma sœur, est restée silencieuse ; vous connaissez ses vertus, son caractère loyal ; ah ! si elle m’avait crue coupable, malgré son amitié, malgré les liens qui nous unissent, elle m’eût condamnée. Hélas ! madame, je sais combien elle souffre de ne pouvoir me défendre… mais me défendre… c’est vous accuser… vous accuser presque de sacrilège… aussi est-elle obligée de se taire.

— Vous… et… vous aussi… vous la soutenez ? — s’écria la malheureuse mère, en joi-