Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur son cœur — dans peu de temps votre fils sera libre… Il pourra mieux choisir — ajouta-t-elle avec un accent de tristesse lugubre, comme si sa tombe eût déjà été entrouverte.

M. Sécherin ne tint pas à ce dernier trait ; il fondit en larmes ; il était aux genoux de sa mère, il se retourna vers Ursule, saisit sa main qu’il couvrit de baisers en lui disant d’une voix entrecoupée :

— Ma pauvre femme… calme-toi… calme-toi… ma mère ne pense pas ce qu’elle dit… n’y fais pas attention, pardonne-la… Est-ce que je t’accuse, moi ? est-ce que je peux vivre sans toi ? est-ce que je ne suis pas sûr de ton cœur ?

La douleur si vraie de cet excellent homme me toucha profondément. J’étais révoltée de la fausseté d’Ursule, mais que pouvais-je dire ?

Madame Sécherin, voyant le brusque revirement de son fils, s’écria :

— Ainsi donc vous me sacrifiez à cette hypocrite ? ainsi donc il suffit de quelques fausses larmes pour lui donner raison contre votre mère ?

M. Sécherin se releva brusquement et répondit en se contenant à peine :