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te le dire, mais cela me faisait de la peine… oh ! bien de la peine ! C’est cela qui augmentait encore la tristesse que j’avais depuis la mort de mon pauvre mari. Mais maintenant je tâcherai d’être plus gaie. Je le serai pour te distraire… je t’en réponds… j’en suis sûre… tu verras… tu verras… — dit la pauvre mère en essayant de sourire à travers ses larmes. — Je serai si heureuse de ravoir mon enfant à moi toute seule, que je redeviendrai joyeuse comme dans ma jeunesse ; je t’assure que tu ne t’ennuieras pas un instant avec moi… J’ai encore de bons yeux… Eh bien ! le soir, je te ferai la lecture, ça te reposera de tes travaux… Et puis je prierai le bon Dieu à ton chevet ; tu t’endormiras béni par ta mère. Nous mènerons une existence bien douce, bien calme… Je t’assure que je t’aimerai tant… oh tant !… que tu n’auras rien à regretter.

À ce moment une porte s’ouvrit.

Ursule entra…

Je suis persuadée qu’Ursule avait écouté le commencement de cet entretien et qu’elle avait habilement ménagé son entrée.