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La ruse, l’habileté de ma cousine m’effrayèrent.

J’eus hâte de quitter Rouvray ; je me repentis d’y être venue ; un secret pressentiment me disait que ce voyage me serait fatal.

En me rappelant mon enfance, les humiliations que mademoiselle de Maran avait fait souffrir à ma cousine, à cause de moi, en comparant ma position à la sienne, je commençai à me persuader que, malgré ses continuelles assurances d’affection, Ursule était trop fausse, trop perfide, trop intéressée, pour n’être pas aussi profondément envieuse.

Je sentais vaguement qu’elle ne pouvait pas m’avoir pardonné les avantages apparents que j’avais toujours eus sur elle, et que tôt ou tard elle chercherait à s’en venger.

Le sang-froid, l’audace que je lui avais vu développer la veille m’épouvantaient.

Une femme aussi jeune, aussi belle, aussi hardie, aussi adroite, aussi perverse, me paraissait la plus dangereuse créature du monde.

Ne rougissant de rien, osant tout, mentant avec une imperturbable effronterie, joignant le don des larmes touchantes au plus séduisant