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— Dans la chambre de feu mon père ?… — dit mon cousin en me regardant avec un étonnement mêlé de crainte — qu’est-ce qu’il y a donc d’extraordinaire ? Depuis la mort de papa, ma mère ne va jamais dans cette chambre que pour prier ; c’est, pour elle, comme une chapelle… Tenez, cousine, vous n’avez pas d’idée de la tristesse, de la peur que ça me cause… je connais ma mère, il va se passer quelque chose de très grave.

Très étonnée d’être aussi convoquée par madame Sécherin, je suivis mon cousin avec un noir pressentiment.

J’ai conservé un long ressouvenir de cette scène de famille. Il me semble qu’elle a dû bien des fois se renouveler. Les sentiments qui s’y trouvaient en jeu étaient, sont et seront toujours profondément humains.

L’entretien que je venais d’avoir avec M. Sécherin me prouvait évidemment ce que j’avais à moitié deviné, qu’Ursule, loin de souffrir de la vulgarité de son mari, affectait de la partager, afin d’assurer davantage encore son influence sur lui.