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vant pas me voir, pensait sans doute qu’il m’était impossible de l’apercevoir.

Je me croyais dupe d’une illusion.

À ce moment madame Sécherin interrompit le mouvement mesuré de son rouet, et du ton le plus naturel, elle dit à Ursule, en tournant à demi la tête :

— Ma bru, venez, je vous prie, me tenir cet écheveau à dévider.

Ursule se leva, s’approcha de sa belle-mère.

Je vois encore cette scène.

Ursule portait une robe de mousseline blanche rayée de rose et un tablier de soie bleu-clair garni de dentelle noire ; debout devant madame Sécherin, elle tenait l’écheveau de lin sur ses deux mains élevées. Sans doute ennuyée de l’occupation que lui avait imposée sa belle-mère, elle frappait légèrement le plancher du bout de son joli pied.

Tout à coup, par un mouvement plus rapide que la pensée, madame Sécherin plongea sa main dans la poche du tablier d’Ursule, et saisit la lettre de M. Chopinelle.

— Avec les traîtres il faut user de traîtrise !