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que sa femme le comblait de prévenances.

Plusieurs fois M. Sécherin dit à Ursule en riant et en haussant les épaules : — C’est pourtant parce que notre cousine est là que tu ne veux pas avoir l’air d’être amoureuse de moi.

En effet, après m’être longtemps demandé pourquoi ma cousine dissimulait une conduite si conforme aux conseils que je lui donnais, je fus convaincue que c’était pour conserver toujours le droit de se dire la plus incomprise, la plus infortunée des femmes, et pour pouvoir se plaindre à moi de la mésalliance morale à laquelle elle avait été sacrifiée.

Cette conviction me tranquillisa beaucoup sur la destinée d’Ursule.

Pour la première fois je reconnus une sorte de monomanie mélancolique dans les tristesses exagérées qu’elle avait affectées dans notre premier entretien à mon arrivée à Rouvray. Je n’accusai pas ma cousine de fausseté, je la trouvais presque malheureuse d’avoir honte de son bonheur et de ne pas oser avouer qu’ayant reconnu les nobles et généreuses qualités de son mari, elle avait sagement pris son parti