Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/159

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pouvait chanter un duo passionné avec une autre personne que celle qu’on aimait.

Les dernières paroles d’Ursule détruisirent tous mes doutes sur sa coquetterie, je ne craignis pas de lui dire en souriant :

— Tu vas bien te moquer de moi… Est-ce que je ne m’étais pas imaginé que ton sous-préfet te faisait la cour ?

Ursule, malgré les larmes qui tremblaient encore au bout de ses longs cils, partit d’un éclat de rire si franc, si naïf, si bruyant, que j’en restai tout décontenancée.

M. Chopinelle ! — s’écriait-elle à travers ses éclats de rire — mon Dieu ! quelle singulière idée ! tu ne sais pas ce que c’est que M. Chopinelle, tu le verras. Ah ! mon Dieu… mon Dieu… M. Chopinelle… me faire la cour !!!

Le rire est contagieux ; malgré moi, je partageai l’hilarité de ma cousine.

Lorsque cette gaîté fut tout à fait calmée, Ursule, par un de ces brusques revirements d’impressions qui étaient un de ses plus grands charmes, me dit tristement.

— Hélas ! Mathilde… une des causes de mon chagrin désespéré, c’est que vois-tu, je