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— Justement, qui a écrit hier à mon mari, tu sais ?

Ursule prononça ces mots si naturellement, avec si peu d’embarras, que je crus mes soupçons sans fondement.

— Et tu as fait de la musique avec lui ? Est-il bon musicien ?

— Détestable ; il chante horriblement faux. Malheureusement, M. Sécherin est fort lié avec lui, et j’ai été obligée de subir par politesse je ne sais combien de duos et de répétitions de duos. Ah ! Mathilde — ajouta Ursule en secouant tristement la tête — te souviens-tu de ce que nous disions : « — Parlée à deux, la musique est une langue divine, sacrée, qu’il ne faut pas profaner !… » Aussi combien j’ai souffert d’être obligée de chanter avec cet homme, moi qui pensais comme toi que c’est seulement « avec une personne tendrement aimée qu’on peut partager ces élans de l’âme, ces accents passionnés que le chant seul peut rendre ! »

Je me rappelai qu’en effet, au fort de notre admiration pour la musique, nous ne comprenions pas comment on osait ou comment on