Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/154

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

froid sourire. Pourtant, dis-moi : ton mari semble aller au-devant de tes moindres désirs… Quoique riche déjà, il travaille encore sans relâche pour satisfaire un jour à tes goûts d’opulence ?

— Tu veux parler, n’est-ce pas, Mathilde, de cette fortune que je lui ai ordonné d’acquérir… afin d’aller briller à Paris — dit Ursule en souriant avec amertume. — Je te parais bien égoïste, bien cupide, bien vaine, n’est-ce pas ?

— Ursule, tu es folle. Je ne dis pas cela.

— Non, non, c’est vrai ; pardon, Mathilde. Mais aussi je serais si chagrine si tu me soupçonnais capable de cette honteuse avidité d’argent… Écoute-moi donc. À mon arrivée ici, mon mari parla d’abandonner sa manufacture, de vivre dans le loisir, de me consacrer tous ses instants. Mathilde, te l’avouerai-je ? je m’effrayai, plus peut-être encore pour lui que pour moi, de cette vie inoccupée qu’il m’offrait de partager. Nos goûts sont si différents ! il y a si peu de sympathie entre nous ! Et puis, je savais qu’il lui en coûtait beaucoup d’abandonner des occupations