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poser à de pénibles contrariétés domestiques pour un si misérable sujet.

Madame Sécherin me parut une femme très sensée, très fermer très observatrice. Elle avait évidemment sur son fils peut-être encore plus d’influence qu’Ursule ; il me sembla qu’elle nourrissait contre celle-ci quelque grief secret, et qu’elle se contenait jusqu’à ce qu’un moment opportun lui permît d’éclater.

Les personnes de ce caractère, ordinairement prudentes, calmes, opiniâtres, d’un esprit clairvoyant, d’un cœur simple et droit, d’une piété austère, ne connaissent ni ménagements, ni tempéraments ; une religieuse impartialité leur fait un devoir d’attendre des preuves avec une patience invincible, puis, lorsqu’elles se croient dans le juste et dans le vrai, elles deviennent impitoyables.

Ursule entra chez moi.

Après quelques phrases insignifiantes, je lui dis :

— Il faut que je te gronde, ma sœur. Tu n’es pas raisonnable, tu m’avais promis de faire pour ainsi dire l’éducation de ton mari, de le façonner un peu ; avec quelques mots