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Tous mes souvenirs d’enfance et de jeunesse s’étaient réveillés ; les chagrins que je venais d’éprouver avaient développé, mûri mon jugement.

Je voyais avec un véritable chagrin ma cousine méconnaître les qualités essentielles, excellentes de son mari. Si outrée que fût la mélancolie qu’Ursule affectait autrefois, je préférais encore cette exagération au ton sec, décidé, presque méprisant, qu’elle me semblait avoir adopté à l’égard de sa belle-mère et de M. Sécherin.

En réfléchissant davantage, j’excusai Ursule ; elle était seule, sans conseils, et une fois engagée dans une fausse voie, elle devait s’y égarer chaque jour davantage, faute d’un avertissement salutaire et ami.

Plusieurs fois je pensai à la rougeur, à l’embarras de ma cousine, lorsque son mari avait parlé de ce M. Chopinelle.

Dans son isolement Ursule s’était peut-être montrée quelque peu coquette à l’égard de cet homme. Je résolus de lui parler très franchement à ce sujet, de la supplier de ne pas s’ex-