cruelle avidité de lui et de ses pareils suffirait pour déconsidérer une profession honorable. Il m’envoie promener ; je l’y envoie à son tour ; je suis naturellement doux comme un agneau, cousine ; mais quand on m’échauffe les oreilles, je ne réponds pas de moi ; enfin je ne sais pas comment ça s’arrange, mais nous en venons aux gros mots ; j’ai la main trop leste, mon confrère avait servi, le lendemain nous nous battons. Je n’avais jamais touché un pistolet, mais à la chasse je ne suis pas mauvais tireur. Finalement je lui campe une balle dans le mollet droit, car il se tenait les pieds en dehors comme un maître de danse.
— Mon fils, tu t’es battu ! — s’écria madame Sécherin, qui avait écouté cette naïve narration avec toutes les marques d’une anxiété profonde, et elle joignit les mains avec un ressentiment de terreur.
— Allons, j’en étais sûr, voilà maman qui va me bougonner — me dit tout bas M. Sécherin.
Puis se levant et allant à elle, il lui dit d’un ton rempli de respectueuse tendresse :
— Voyons, maman, j’ai eu tort, c’est une