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famille ? — dis-je en prenant le bras d’Ursule.

— Madame Lancry a raison ; allons, maman, venez — dit M. Sécherin en s’approchant de sa mère qui s’appuya sur lui et passa devant nous.

— En vérité, Mathilde — me dit Ursule à demi-voix, d’un air presque piqué, — tu as fait, comme tu le voulais, la conquête de ma belle-mère. C’est la première fois que je l’ai entendue dire à son fils d’offrir son bras à une autre personne qu’à elle. Vingt fois des femmes de nos parentes ont dîné ici, et jamais pareille chose n’est arrivée.

— Tant mieux ! je suis très fière de ma conquête — dis-je en souriant à Ursule — car je trouve ta belle-mère très respectable et très digne.

— Digne ?… ma belle-mère ? tu la trouves digne ? Ah ça ! tu te moques d’elle et de nous.

— Je la trouve si digne qu’elle me représente à merveille une de ces vénérables femmes de la vieille noblesse de province dont nous parlait toujours mademoiselle de Maran, tu sais ?… qui vivaient dans leurs terres sans jamais venir à Paris ou à la cour.