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nerez, n’est-ce pas. C’est qu’ainsi, quand on s’est occupé toute la journée, on trouve joliment bon de se mettre à son aise le soir.

— Le fait est que tu te fatigues comme si tu avais encore ta fortune à faire, mon fils, — dit madame Sécherin avec un soupir — et pourtant le bon Dieu a béni le travail de ton père.

— Soyez tranquille, maman ; quand mon inventaire se montera à cent mille livres de rentes bien claires et bien nettes, j’arrêterai la mécanique. Je me suis dit : Ma femme trouve que je n’ai pas assez de fortune comme ça ; elle veut avoir cent mille livres de rentes pour aller briller à Paris. Eh bien donc elle les aura ses cent mille livres de rentes ! C’est si bon, si doux de penser que toute la peine que je me donne fait plaisir à ma femme, de penser enfin qu’il est en mon pouvoir de réaliser tous ses vœux, et que pour le faire il ne s’agit que de travailler… Tenez, cousine, rien qu’à cette idée-là je suis heureux comme un roi de pouvoir travailler comme un nègre… Aussi c’est pour cela que j’ai les mains si noires, car je n’ai pas le temps de faire le petit maître, moi ! — dit M. Sécherin