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de la familiarité naïve avec laquelle madame Sécherin me recevait. J’étais au contraire charmée de son accueil ; je le trouvais très digne.

Il n’y a rien de plus bourgeoisement, de plus platement vulgaire qu’un empressement faux et bruyant, que ces humbles protestations, que ces regrets exagérés de n’être que de pauvres provinciaux indignes de recevoir des personnes de la capitale (style de sous-préfecture, comme disait mademoiselle de Maran.)

M. Sécherin entra vivement, il parut ravi de me voir, et vint à moi les bras ouverts pour m’embrasser.

Son mouvement fut si naturel, si cordial, que je lui tendis mes deux joues, non sans sourire et sans rougir un peu.

M. Sécherin fit retentir le salon de deux gros baisers, à la grande confusion d’Ursule, qui ne put s’empêcher de lui dire à demi-voix :

— En vérité, Monsieur, vous êtes fou ! Quelles manières ! Mathilde, pardonnez-lui.

— Comment, quelles manières ! — s’écria-t-il. — Parce que j’embrasse notre cousine de tout mon cœur sur les deux joues ? Ma foi, moi,