Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

habitudes qui ont été les siennes pendant tant d’années.

— Je comprends cette religion des souvenirs, Madame, et je l’admire ; ainsi l’absence d’un être aimé se sent encore davantage… il n’y a rien d’amer dans ces regrets ; ils sont adoucis par l’espérance d’être un jour réunis à ceux que nous pleurons.

Madame Sécherin me regarda pendant un instant avec intérêt et me dit : — Les bons cœurs entendent les bons cœurs ; — puis elle soupira, garda quelques moments le silence, et reprit, comme si elle eût voulu changer le cours de ses pensées :

— Voici nos habitudes de Touraine, Madame : nous déjeunons à neuf heures, nous dînons à deux, nous soupons à huit, à dix nous sommes tous couchés ; car, voyez-vous, qui se lève tôt doit se coucher tôt. Mon fils est sur pied au chant du coq, il ne peut pas veiller tard.

Ursule me regarda d’un air presque suppliant, et haussa les épaules en me montrant sa belle-mère.

Ma cousine craignait que je ne fusse choquée