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— Tu es heureuse, car tu es charmante — lui dis-je.

— Heureuse — reprit-elle, avec un accent qui devint presque subitement plaintif… — Heureuse ?… Oui, je suis heureuse ; — et elle étouffa un soupir. — Mais c’est à toi… qu’il faut parler de bonheur.

— Oh ! oui — m’écriai-je — en ce moment surtout ; tu ne sais pas combien je jouis du plaisir de te revoir, tu ne sais pas tout ce que j’attends de ces jours que je viens passer auprès de toi.

J’avais mis mon bras sous le bras d’Ursule, et nous cheminions vers la maison.

Cette habitation était assez grande ; le jardin qui l’entourait, symétriquement disposé en carrés, en quinconces, et bordé de grandes allées de charmilles régulièrement taillées à l’ancienne mode française, avait un aspect calme et grave ; au bout d’une de ces longues voûtes de verdure qui aboutissait à une terrasse, on apercevait la Loire.

— Tu trouves cette demeure bien provinciale, bien vulgaire, n’est-ce pas ? — me dit Ursule — Mais M. Sécherin, ou plutôt sa