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faisait, du bien ; mon cœur se dilatait, j’allais revoir l’amie de mon enfance…

Après tant de cruelles secousses, j’allais goûter le repos des champs, je me faisais une fête de partager pendant quelque temps la vie simple, paisible, d’Ursule et de son mari.

Depuis assez longtemps, je n’avais reçu aucune lettre de ma cousine.

Dans ses dernières lettres, elle continuait de se plaindre de son sort, mais elle le supportait avec une résignation mélancolique.

Je connaissais l’exaltation du caractère d’Ursule, la bonté de son mari, aussi n’étais-je pas très inquiète.

Je ne lui avais pas écrit un mot de ce qui avait bouleversé ma vie depuis quelque temps ; j’étais décidée à ne lui faire à ce sujet aucune confidence : ce n’était pas mon secret à moi seule, c’était aussi le secret de Gontran.

J’arrivai à Rouvray par un beau soleil couchant, par une ravissante soirée d’été.

Je laissai à gauche de grands bâtiments où était établie la manufacture de M. Sécherin. J’entrai dans une belle avenue de tilleuls qui conduisait à la maison d’habitation.