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ou six ans d’ici, votre mari peut avoir tout dissipé. Je connais les prodigues.

— Mais, mon ami…

— Mais, mon enfant, il n’a pas été arrêté, retenu par la honte de commettre un faux, pour se procurer de l’argent… Quel frein l’arrêtera lorsqu’il n’aura qu’à puiser à pleines mains dans votre fortune ?… Pardon… Mathilde… je vous afflige ; mais il est de ces vérités sévères qu’il faut oser dire… Jamais je n’ai failli à ce devoir, jamais je n’y manquerai… Je vous en conjure, résistez autant que vous le pourrez aux prodigalités de votre mari ; pour vous, pour lui-même, ayez cette résolution… Moi, je ne veux lui rien dire ; je réserverai mon influence pour les cas extrêmes. Il est violent, emporté ; il est impatient des remontrances : peu m’importe, lorsque votre intérêt voudra que je parle… je parlerai, et de façon à être entendu et écouté, je vous en réponds. Allons, adieu, mon enfant… Au moindre événement, écrivez-moi à Paris ; à tout jamais comptez sur moi… et sur Rochegune… Quant à celui-ci, que Dieu me le conserve… car il s’en va faire une terrible guerre, et il