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mademoiselle de Maran m’a fait passer sous les plombs de Venise, j’ai fait des économies forcées ; j’ai peu de besoins, j’emploie presque tout mon revenu à soulager de nobles et obscures infortunes ; je n’aurai pas d’autre héritiers que vous, cette somme est donc une avance d’hoirie.

— Mon ami ! pourtant…

— Écoutez-moi encore, votre contrat de mariage a été si déloyalement fait, que vous, qui apportez toute la fortune dans la communauté, vous n’avez droit à aucune réserve : votre mari peut vous dépouiller ou vous ruiner complètement. Heureusement je suis là… ma fortune garantit votre avenir.

— Mon ami… n’ayez pas ces craintes ; je vous assure que Gontran est revenu de ses goûts de faste… il ne joue plus…

— L’état de maison que vous tenez à Paris était déjà beaucoup trop considérable pour votre fortune ; je suis sûr que, lorsqu’il se verra débarrassé de Lugarto, M. de Lancry se jettera de nouveau dans de folles dépenses… Vous avez encore maintenant net cent mille livres de rentes, votre hôtel payé ; eh bien ! en cinq