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de marcher, notre postillon avait la jambe cassée, ma voiture était brisée… Nous comptions les secondes ; à pied, il nous fallait plus d’une heure pour nous rendre ici ; nous nous mîmes en marche… Heureusement, au bout d’un quart d’heure, nous rencontrâmes les chevaux de retour qui vous avaient amenée ici. Aux détails que nous donnèrent les postillons, il n’y avait plus de doute, c’était bien vous. Nous prîmes, moi et Rochegune, les deux porteurs et nous partîmes bride abattue ; en une demi-heure, nous étions à quelques pas de cette maison. Pour ne pas éveiller les soupçons, nous laissâmes nos montures assez loin. Toutes les fenêtres étaient fermées, mais on voyait de la lumière à travers les volets. Nous allions nous décider à frapper violemment à la porte, lorsqu’une croisée du rez-de-chaussée s’ouvrit ; c’était votre femme de chambre qui sans doute voulait prendre l’air. Nous vîmes dans une salle basse une vieille femme et Fritz ; d’un saut nous entrâmes dans cette salle, le pistolet à la main. Rochegune se mit à la porte, moi à la fenêtre. Ces misérables tombèrent à genoux, saisis de frayeur.