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quelques autres circonstances, je devinai facilement que votre mari se trouvait dans la dépendance de cet homme, sans toutefois croire que cette dépendance fût rendue plus absolue, plus dangereuse encore par l’acte que vous savez ; j’engageai donc Rochegune à patienter et à attendre mon rétablissement. Un homme très sûr qui me sert depuis vingt ans fit jaser quelques-uns des domestiques de Lugarto. J’appris par eux qu’ils avaient souvent entendu M. de Lancry, enfermé avec leur maître, supplier celui-ci de ne pas le perdre. Ce rapport me prouva qu’il s’agissait d’autre chose que d’une obligation d’argent ; je voulus pénétrer à tout prix ce secret et vous garantir des mauvais desseins de Lugarto. Il savait mon affection pour vous. Je m’aperçus bientôt que j’étais suivi, car cet homme, à force d’argent, s’est créé une sorte de police au moyen de laquelle il découvre une foule de secrets dont il use et abuse dans l’occasion, ainsi que vous l’avez vu à l’égard de Madame de Ksernika et de Madame de Richeville. Pour détourner ses soupçons, je quittai Paris ; ses espions perdirent mes traces : c’était à peu près l’époque