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j’ai suivi la trace de cette abominable machination… Quelque temps après votre retour de Chantilly, j’ai appris par Rochegune les bruits infâmes que Lugarto faisait courir sur vous ; j’étais malade, hors d’état de sortir… Le premier mouvement de Rochegune fut d’aller trouver Lugarto, de lui ordonner de se taire ; il le connaissait de longue main, il le savait très lâche, il ne doutait pas qu’une vigoureuse menace ne l’intimidât ; je l’engageai à n’en rien faire, j’avais écrit à Londres pour avoir des renseignements sur la vie que M. de Lancry y avait menée avant son mariage.

Voyant que la conversation allait s’engager sur M. de Lancry, par un sentiment de convenance exquise dont j’appréciai toute la délicatesse, M. de Rochegune dit à M. de Mortagne :

— J’aurais quelques ordres à donner pour notre départ, je vous laisse.

Il me salua et sortit.

M. de Mortagne continua :

— On me dit qu’à Londres M. de Lancry avait dépensé beaucoup d’argent, et que, selon le bruit public, cet argent lui avait été prêté par Lugarto. En rapprochant ceci de