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Et les deux jeunes filles se jetèrent dans les bras l’une de l’autre.

Rien de plus enchanteur que le contraste de ces deux enfants de seize ans, tendrement embrassées, toutes deux si charmantes, et pourtant si différentes de physionomie et de beauté.

L’une blonde, aux grands yeux bleus mélancoliques, au profil d’une angélique pureté idéale, un peu pâli, un peu attristé, un peu spiritualisé, de ces adorables paysannes de Greuze, d’un coloris si frais et si transparent… mélange ineffable de rêverie, de candeur et de grâce…

L’autre brune piquante, aux joues rondes et vermeilles, aux jolis yeux noirs, au rire ingénu, à la mine éveillée, type ravissant de jeunesse, d’insouciance et de gaieté, exemple rare et touchant du bonheur dans l’indigence, de l’honnêteté dans l’abandon et de la joie dans le travail.

Après l’échange de leurs naïves caresses, les deux jeunes filles se regardèrent…

Rigolette était radieuse de cette rencontre… Fleur-de-Marie confuse…