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de Saint-Dizier avait défié Adrienne de nier qu’on eût trouvé caché dans sa chambre à coucher Agricol Baudoin, son amant prétendu.

Mais à l’instant rassuré par le maintien fier et digne de la jeune fille, Djalma n’avait bientôt éprouvé qu’un souverain mépris pour cette horrible calomnie, à laquelle Adrienne n’avait pas même daigné répondre…

Deux ou trois fois cependant, ainsi qu’un éclair d’orage sillonne par hasard le ciel le plus pur et le plus radieux, le souvenir de cette indigne accusation avait traversé l’esprit de l’Indien comme un trait de feu, mais s’était presque aussitôt évanoui au milieu de la sérénité de son bonheur et de son ineffable confiance dans le cœur d’Adrienne.

Ces souvenirs, et ceux des refus passionnés de la jeune fille, en attristant quelques instants Djalma, le rendirent cependant encore plus pitoyable envers Faringhea qu’il ne l’eût été sans ce rapprochement secret et étrange entre la position du métis et la sienne ; sachant par lui-même à quel délire peut vous pousser une fureur aveugle, voulant continuer de dompter le métis à force d’affection et de bonté, Djalma lui dit d’une voix grave et douce :

— Je t’ai offert mon amitié… Je veux agir avec toi selon cette amitié.