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de cet adolescent étaient d’autant plus inflammables, qu’elles avaient été jusqu’alors toujours contenues.

Mademoiselle de Cardoville, non moins embarrassée, non moins troublée, était restée assise ; ainsi que Djalma, elle tenait ses yeux baissés ; mais la brûlante rougeur de ses joues, les battements précipités de son sein virginal, révélaient une émotion qu’elle ne pensait pas d’ailleurs à cacher…

Adrienne, malgré la fermeté de son esprit tour à tour si fin et si gai, si gracieux et si incisif ; malgré la décision de son caractère indépendant et fier ; malgré sa grande habitude du monde, Adrienne montrant, ainsi que Djalma, une gaucherie naïve, un trouble enchanteur, partageait cette sorte d’anéantissement passager, ineffable, sous lequel semblaient fléchir ces deux beaux êtres amoureux, ardents et purs ; comme s’ils eussent été impuissants à supporter à la fois le bouillonnement de leurs sens palpitants et l’enivrante exaltation de leur cœur.

Et pourtant leurs yeux ne s’étaient pas encore rencontrés… Tous deux redoutaient ce premier choc électrique du regard, cette invisible attraction de deux êtres aimants et passionnés l’un vers l’autre, feu sacré qui, plus rapide que la foudre, allume, embrase leur sang, et