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V


Le testament.


Lorsque Gabriel, Rodin et le père d’Aigrigny entrèrent dans le salon rouge, ils paraissaient tous différemment affectés.

Gabriel, pâle et triste, éprouvait une impatience pénible ; il avait hâte de sortir de cette maison, et se sentait débarrassé d’un grand poids depuis que, par un acte entouré de toutes les garanties légales, et passé par devant Me Dumesnil, le notaire de la succession, il venait de se désister de tous ses droits en faveur du père d’Aigrigny.

Jusqu’alors il n’était pas venu à la pensée du jeune prêtre qu’en lui donnant les soins qu’il rémunérait si généreusement, et en forçant sa vocation par un mensonge sacrilège, le père d’Aigrigny avait eu pour but d’assurer le bon succès d’une ténébreuse intrigue.

Gabriel, en agissant ainsi qu’il faisait, ne cédait pas, selon lui, à un sentiment de délicatesse exagérée. Il avait fait librement cette donation plusieurs années auparavant. Il eût