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traire, ces coiffures si remarquables de quelques portraits du Véronèse, composées de larges bandeaux ondulés encadrant les joues et surmontés d’une natte tressée en couronne derrière la tête ; les sourcils, très-déliés, surmontaient de grands yeux d’un bleu de saphir étincelant ; leur regard, à la fois fier et triste, avait quelque chose de fatal ; le nez, très-fin, se terminait par des narines légèrement dilatées ; un demi-sourire presque douloureux contractait légèrement la bouche ; l’ovale de la figure était allongé ; le teint, d’un blanc mat, se nuançait à peine vers les joues d’un rose léger ; l’attache du cou, le port de la tête, annonçaient un rare mélange de grâce et de dignité native ; une sorte de tunique ou de robe d’étoffe noire et lustrée, faite, ainsi qu’on dit, à la vierge, montait jusqu’à la naissance des épaules, et, après avoir dessiné une taille svelte et élevée, tombait jusque sur les pieds entièrement cachés par les plis un peu traînants de ce vêtement.

L’attitude de cette femme était remplie de noblesse et de simplicité. La tête se détachait lumineuse et blanche sur un ciel d’un gris sombre, marbré à l’horizon de quelques nuages pourprés sur lesquels se dessinait la cime bleuâtre de collines lointaines et noyées d’om-