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capacité, à atteindre une des positions les plus honorables de l’industrie ; mais, pour arriver à ce but, que d’ignobles tracasseries à subir, que de perfides concurrences à combattre, que de rivalités haineuses à lasser !

Impressionnable comme il l’était, M. Hardy eût mille fois succombé à ses fréquents accès d’indignation douloureuse contre la bassesse, de révolte amère contre l’improbité, sans le sage et ferme appui de sa mère ; de retour auprès d’elle, après une journée de lutte pénible ou de déceptions odieuses, il se trouvait tout à coup transporté dans une atmosphère d’une pureté si bienfaisante, d’une sérénité si radieuse, qu’il perdait presque à l’instant le souvenir des choses honteuses dont il avait été si cruellement froissé pendant le jour ; les déchirements de son cœur s’apaisaient au seul contact de la grande et belle âme de sa mère ; aussi son amour pour elle était-il une véritable idolâtrie. Lorsqu’il la perdit, il éprouva un de ces chagrins calmes, profonds, comme le sont les chagrins qui ne finissent jamais, et qui, faisant, pour ainsi dire, partie de notre vie, ont même parfois leurs jours de mélancolique douceur.

Peu de temps après cet affreux malheur, M. Hardy se rapprocha davantage de ses ou-