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— Je vous remercie, mon père…

— Bientôt, mon cher fils, vous serez donc délivré de ces liens qui vous pèsent, et les hommes que vous reniez avec tant d’amertume n’en continueront pas moins à prier pour vous… afin que Dieu vous préserve de plus grands égarements… Vous vous croyez délié envers nous, mon cher fils ; mais nous ne nous croyons pas déliés envers vous ; on ne brise pas ainsi chez nous l’habitude d’un attachement paternel. Que voulez-vous ?… Nous nous regardons, nous autres, comme obligés envers nos créatures par les bienfaits mêmes dont nous les avons comblées… Ainsi, vous étiez pauvre… et orphelin… nous vous avons tendu les bras, autant à cause de l’intérêt que vous méritiez, mon cher fils, que pour épargner une charge trop lourde à votre excellente mère adoptive.

— Mon père…, dit Gabriel avec une émotion contenue, je ne suis pas ingrat…

— Je veux le croire, mon cher fils ; pendant de longues années nous vous avons donné comme à notre enfant bien-aimé le pain de l’âme et du corps ; aujourd’hui il vous plaît de nous renier, de nous abandonner ;… non-seulement nous y consentons… Mais maintenant que j’ai pénétré la véritable cause de votre rupture