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col dit Angèle à Agricol en continuant de marcher à côté de lui, c’est de comparer la nourriture si insuffisante, si malsaine, des ouvriers de notre pays, à celle que l’on a ici.

— Et pourtant, nous ne dépensons pas plus de vingt-cinq sous par jour, pour être beaucoup mieux nourris que nous ne le serions pour trois francs à Paris.

— Mais c’est à n’y pas croire, M. Agricol. Comment est-ce donc possible ?…

— C’est toujours grâce à la baguette de M. Hardy. Je vous expliquerai cela tout à l’heure.

— Ah ! que j’ai aussi d’impatience à le voir, M. Hardy !

— Vous le verrez bientôt, peut-être aujourd’hui ; car on l’attend d’un moment à l’autre. Mais tenez, voici le réfectoire que vous ne connaissez pas, puisque votre famille, comme d’autres ménages, a préféré se faire apporter à manger chez elle… Voyez donc quelle belle pièce… et si gaie sur le jardin en face de la fontaine !

En effet, c’était une vaste salle, bâtie en forme de galerie et éclairée par dix fenêtres ouvrant sur un jardin ; des tables, recouvertes de toile cirée bien luisante, étaient rangées près des murs, de sorte que, pendant l’hiver, cette pièce servait le soir, après les travaux, de salle de réunion et de veillée, pour les ouvriers qui