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consolation réelle, profonde, dans la certitude où elle était d’avoir pu résister à cette terrible épreuve, et cacher à Agricol l’amour qu’elle ressentait pour lui, car l’on sait combien étaient redoutables, effrayantes, pour l’infortunée, les idées de ridicule et de honte qu’elle croyait attachées à la découverte de sa folle passion.

Après être restée quelque temps absorbée, la Mayeux se leva et se dirigea lentement vers son bureau.

— Ma seule récompense, dit-elle en apprêtant ce qui lui était nécessaire pour écrire, sera de confier au triste et muet témoin de mes peines cette nouvelle douleur ; j’aurai du moins tenu la promesse que je m’étais faite à moi-même ; croyant, au fond de mon âme, cette jeune fille capable d’assurer la félicité d’Agricol… je le lui ai dit à lui, avec sincérité… Un jour, dans bien longtemps, lorsque je relirai ces pages, j’y trouverai peut-être une compensation à ce que je souffre maintenant.

Ce disant, la Mayeux retira le carton du casier.

N’y trouvant pas son manuscrit, elle jeta d’abord un cri de surprise.

Mais quel fut son effroi lorsqu’elle aperçut une lettre à son adresse remplaçant son journal !