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XI


Le journal de la Mayeux.


Nous l’avons dit, la Mayeux avait écrit une partie de la nuit, sur le cahier découvert et parcouru la veille par Florine, qui n’avait pas osé le dérober avant d’avoir instruit de son contenu les personnes qui la faisaient agir, et sans avoir pris leurs derniers ordres à ce sujet.

Expliquons l’existence de ce manuscrit avant de l’ouvrir au lecteur.

Du jour où la Mayeux s’était aperçue de son amour pour Agricol, le premier mot de ce manuscrit avait été écrit.

Douée d’un caractère essentiellement expansif, et pourtant se sentant toujours comprimée par la terreur du ridicule, terreur dont la douloureuse exagération était la seule faiblesse de la Mayeux, à qui cette infortunée eût-elle confié le secret de sa funeste passion, si ce n’est au papier… à ce muet confident des âmes ombrageuses ou blessées, à cet ami patient, silencieux et froid, qui, s’il ne répond pas à des plaintes