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— Il y a seulement… quatre jours… que tu es amoureux ?…

— Pas davantage… mais le temps n’y fait rien…

— Et… elle est bien jolie ?

— Brune… une taille de nymphe, blanche comme un lis… des yeux bleus… grands comme ça et aussi doux… aussi bons… que les tiens…

— Tu me flattes, Agricol.

— Non, non… c’est Angèle que je flatte… car elle s’appelle ainsi… Quel joli nom !… n’est-ce pas, ma bonne Mayeux ?

— C’est un nom charmant…, dit la pauvre fille en comparant avec une douleur amère le contraste de ce gracieux nom avec le sobriquet de la Mayeux, que le brave Agricol lui donnait sans y songer.

Elle reprit avec un calme effrayant :

— Angèle… oui, c’est un nom charmant !…

— Eh bien ! figure-toi que ce nom semble être l’image, non-seulement de sa figure, mais de son cœur… En un mot, c’est un cœur, je le crois du moins, presque au niveau du tien.

— Elle a mes yeux… elle a mon cœur, dit la Mayeux en souriant, c’est singulier comme nous nous ressemblons.

Agricol ne s’aperçut pas de l’ironie désespérée que cachaient les paroles de la Mayeux ;