Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/486

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la vue riante du jardin, et surtout dans la conscience de devoir le bien-être dont elle jouissait à la résignation et à l’énergie qu’elle avait montrées au milieu de tant de rudes épreuves heureusement terminées.

Une femme âgée, d’une figure douce et bonne, qui avait été, par la volonté expresse d’Adrienne, attachée au service de la Mayeux, entra et lui dit :

— Mademoiselle, il y a là un jeune homme qui désire vous parler tout de suite pour une affaire très-pressée ;… il se nomme Agricol Baudoin.

À ce nom la Mayeux poussa un léger cri de joie et de surprise, rougit légèrement, se leva et courut à la porte qui conduisait au salon où se trouvait Agricol.

— Bonjour, ma bonne Mayeux, dit le forgeron en embrassant cordialement la jeune fille, dont les joues devinrent brûlantes et cramoisies sous ces baisers fraternels.

— Ah ! mon Dieu ! s’écria tout à coup l’ouvrière en regardant Agricol avec angoisse, et ce bandeau noir que tu as sur le front ?… Tu as donc été blessé ?

— Ce n’est rien, dit le forgeron, absolument rien ;… n’y songe pas… je te dirai tout à l’heure… comment cela m’est arrivé ;… mais auparavant