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pela tout ce qui venait de se passer ; alors, pâle de regrets et de honte, tremblant, éperdu, les yeux noyés de larmes, les traits bouleversés et empreints du plus touchant désespoir, il tomba aux genoux d’Adrienne, et élevant vers elle ses mains jointes, il lui dit d’une voix adorablement douce, suppliante et timide :

— Oh ! restez !… restez… ne me quittez pas… depuis si longtemps… je vous attends…

À cette prière faite avec la craintive ingénuité d’un enfant, avec une résignation qui contrastait si étrangement avec l’emportement farouche dont Adrienne venait d’être si fort effrayée, elle répondit en faisant signe à Florine de se disposer à partir :

— Prince… il m’est impossible de rester plus longtemps ici…

— Mais… vous reviendrez ? dit Djalma en contraignant ses larmes, je vous reverrai ?…

— Oh ! non, jamais !… jamais !… dit mademoiselle de Cardoville d’une voix éteinte.

Puis, profitant du saisissement où sa réponse avait jeté Djalma, Adrienne disparut rapidement derrière un des massifs de la serre chaude.

Au moment où Florine, se hâtant de rejoindre sa maîtresse, passait devant Rodin, il lui dit d’une voix basse et rapide :