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dressant à Rodin pour s’excuser de l’avoir soupçonné… Mais le silence obstiné que gardait l’Indien venait redoubler l’embarras mortel de la jeune fille.

Levant de nouveau les yeux vers le prince afin de l’engager à répondre à son offre fraternelle, Adrienne, rencontrant encore son regard d’une fixité sauvage et ardente, baissa les yeux avec un mélange d’effroi, de tristesse et de fierté blessée ; alors elle se félicita d’avoir deviné l’inexorable nécessité où elle se voyait désormais de tenir Djalma éloigné d’elle, tant cette nature ardente et emportée lui causait déjà de craintes. Voulant mettre un terme à cette position pénible, elle dit à Rodin d’une voix basse et tremblante :

— De grâce, monsieur… parlez au prince ;… répétez-lui mes offres… Je ne puis rester ici plus longtemps.

Ce disant, Adrienne fit un pas pour rejoindre Florine.

Djalma, au premier mouvement d’Adrienne, s’élança vers elle d’un bond, comme un tigre sur la proie qu’on veut lui ravir. La jeune fille, épouvantée de l’expression d’ardeur farouche qui enflammait les traits de l’Indien, se rejeta en arrière en poussant un grand cri.

À ce cri, Djalma revint à lui-même, et se rap-