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offraient l’idéal de la beauté de l’homme et de la beauté de la femme. Il semblait y avoir quelque chose de fatal, de providentiel dans le rapprochement de ces deux natures si jeunes et si vivaces, si généreuses et si passionnées, si héroïques et si fières, qui, chose singulière, avant de se voir, connaissaient déjà toute leur valeur morale ; car si, aux paroles de Rodin, Djalma avait senti s’éveiller dans son cœur une admiration aussi subite que vive et pénétrante pour les vaillantes et généreuses qualités de cette bienfaitrice inconnue, qu’il retrouvait dans mademoiselle de Cardoville, celle-ci avait été tour à tour émue, attendrie ou effrayée de l’entretien qu’elle venait de surprendre entre Rodin et Djalma, selon que celui-ci avait témoigné de la noblesse de son âme, de la délicate bonté de son cœur ou du terrible emportement de son caractère ; puis elle n’avait pu retenir un mouvement d’étonnement, presque d’admiration, à la vue de la surprenante beauté du prince, et bientôt après un sentiment étrange, douloureux, une espèce de commotion électrique, avait ébranlé tout son être lorsque ses yeux s’étaient rencontrés avec ceux de Djalma.

Alors cruellement troublée et souffrant de ce trouble qu’elle maudissait, elle avait tâché de dissimuler cette impression profonde en s’a-