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plus le jeune homme rougissant d’une ardeur pudique à la pensée des délices permises d’une union légitime. Non, non, les incitations de Faringhea avaient fait éclater tout à coup un feu souterrain : la physionomie enflammée de Djalma, ses yeux tour à tour étincelants et voilés, l’aspiration mâle et sonore de sa poitrine, annonçaient l’embrasement de son sang et le bouillonnement de ses passions, d’autant plus énergiques qu’elles avaient été jusqu’alors contenues.

Aussi… s’élançant tout à coup du divan, souple, vigoureux et léger comme un jeune tigre, Djalma saisit Faringhea à la gorge en s’écriant :

— C’est un poison brûlant que tes paroles !…

— Monseigneur, dit Faringhea sans opposer la moindre résistance, votre esclave est votre esclave…

Cette soumission désarma le prince.

— Ma vie, vous appartient, répéta le métis.

— C’est moi qui t’appartiens, esclave ! s’écria Djalma en le repoussant. Tout à l’heure j’étais suspendu à tes lèvres… dévorant tes dangereux mensonges !…

— Des mensonges ? monseigneur… Paraissez seulement à la vue de ces femmes… leurs regards confirmeront mes paroles.