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quelque peu mystique et figuré familier à ceux de son pays :

— Oui, ce que tu me dis m’afflige, esclave… car deux gouttes de rosée du ciel se fondant ensemble dans le calice d’une fleur… ce sont deux cœurs confondus dans un virginal et pur amour… deux rayons de feu s’unissant en une flamme inextinguible, ce sont les brûlantes et éternelles délices de deux amants devenus époux…

Si Djalma parla des pudiques jouissances de l’âme avec un charme inexprimable, lorsqu’il peignit un bonheur moins idéal, ses yeux brillèrent comme des étoiles ; il frissonna légèrement, ses narines se gonflèrent, l’or pâle de son teint devint vermeil, et le jeune prince retomba dans une rêverie profonde.

Faringhea, ayant remarqué cette dernière émotion, reprit :

— Et si, comme le fier et brillant oiseau-roi[1] de notre pays, le sultan de nos bois, vous préfériez à des amours uniques et solitaires des plaisirs nombreux et variés ; beau, jeune, riche comme vous l’êtes, monseigneur, si vous recherchiez ces séduisantes Parisiennes, vous

  1. Variété de l’oiseau de paradis, gallinacé fort amoureux.