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— Non, monsieur, dit enfin Adrienne, on les a enlevées à l’affection de l’excellent homme qui les avait amenées du fond de la Russie, et on les a conduites dans un couvent…

— Malheureux ! s’écria Pierre Simon en s’avançant vers Dagobert, menaçant et terrible ; tu me répondras de tout…

— Ah ! monsieur ! ne l’accusez pas ! s’écria mademoiselle de Cardoville.

— Mon général, dit Dagobert d’une voix brève, mais douloureusement résignée, je mérite votre colère… c’est ma faute ; forcé de m’absenter de Paris, j’ai confié les enfants à ma femme ; son confesseur lui a tourné l’esprit, lui a persuadé que vos filles seraient mieux dans un couvent que chez nous ; elle l’a cru, elle les y a laissé conduire ; maintenant… on a dit au couvent qu’on ne sait pas où elles sont ; voilà la vérité… Faites de moi ce que vous voudrez… je n’ai qu’à me taire et à endurer.

— Mais c’est infâme !… s’écria Pierre Simon en désignant Dagobert avec un geste d’indignation désespérée ; mais à qui donc se confier… si celui-là m’a trompé… mon Dieu !…

— Ah ! M. le maréchal, ne l’accusez pas ! s’écria mademoiselle de Cardoville, ne le croyez pas : il a risqué sa vie, son honneur, pour arracher vos enfants de ce couvent… et il n’est