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ment accusé, et le teint brûlé par le soleil de l’Inde. Ses cheveux, coupés très-ras, grisonnaient sur les tempes ; mais ses sourcils étaient encore aussi noirs que sa large moustache retombante ; sa démarche libre, hardie, ses mouvements décidés, témoignaient de son impétuosité militaire ; homme du peuple, homme de guerre et d’élan, la chaleureuse cordialité de sa parole appelait la bienveillance et la sympathie ; aussi éclairé qu’intrépide, aussi généreux que sincère, on remarquait surtout en lui une mâle fierté plébéienne ; ainsi que d’autres sont fiers d’une haute naissance, il était fier, lui, de son obscure origine, parce qu’elle était ennoblie par le grand caractère de son père, républicain rigide, intelligent et laborieux artisan, depuis quarante ans l’honneur, l’exemple, la glorification des travailleurs.

En acceptant avec reconnaissance le titre aristocratique dont l’empereur l’avait décoré, Pierre Simon avait agi comme ces gens délicats qui, recevant d’une affectueuse amitié un don parfaitement inutile, l’acceptent avec reconnaissance en faveur de la main qui l’offre.

Le culte religieux de Pierre Simon envers l’empereur n’avait jamais été aveugle ; autant son dévouement, son ardent amour pour son idole fut instinctif et pour ainsi dire fatal…