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fécond ; où l’on se préparait enfin, par l’expansion habituelle des sentiments les plus généreux, à ce magnifique apostolat d’attendrir les riches et les heureux sur les angoisses et les souffrances de leurs frères, en leur dévoilant les misères affreuses de l’humanité… Morale sublime et sainte à laquelle nul ne résiste lorsqu’on la prêche les yeux remplis de larmes, le cœur débordant de tendresse et de charité !

En prononçant ces derniers mots avec une émotion profonde, les yeux de Gabriel devinrent humides ; sa figure resplendit d’une angélique beauté.

— Tel est en effet, mon cher fils, l’esprit du christianisme ; mais il faut surtout en étudier et en expliquer la lettre, répondit froidement le père d’Aigrigny. C’est à cette étude que sont spécialement destinés les séminaires de notre compagnie. L’interprétation de la lettre est une œuvre d’analyse, de discipline, de soumission, et non une œuvre de cœur et de sentiment…

— Je ne m’en aperçus que trop, mon père… À mon entrée dans cette nouvelle maison… je vis, hélas ! mes espérances déçues : un moment dilaté, mon cœur se resserra ; au lieu de ce foyer de vie, d’affection et de jeunesse, que j’avais rêvé, je retrouvai dans ce séminaire, silencieux et glacé, la même compression de tout