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monstres parviennent quelquefois à corrompre vos meilleurs amis, et à s’en faire contre vous des auxiliaires d’autant plus terribles, que votre confiance est plus aveugle.

— Ah ! c’est impossible, s’écria Adrienne révoltée, vous exagérez… Non, non, l’enfer n’aurait rien rêvé de plus horrible que de telles trahisons…

— Hélas !… ma chère demoiselle… un de vos parents, M. Hardy… le cœur le plus loyal, le plus généreux, a été ainsi victime d’une trahison infâme… Enfin, savez-vous ce que la lecture du testament de votre aïeul nous a appris ? C’est qu’il est mort victime de la haine de ces gens-là, et qu’à cette heure, après cent cinquante ans d’intervalle, ses descendants sont encore en butte à la haine de cette indestructible compagnie.

— Ah ! monsieur… cela épouvante, dit Adrienne en sentant son cœur se serrer. Mais il n’y a donc pas d’armes contre de telles attaques ?

— La prudence, ma chère demoiselle, la réserve la plus attentive, l’étude la plus incessamment défiante de tout ce qui vous approche.

— Mais c’est une vie affreuse qu’une telle vie ! monsieur ; mais c’est une torture que d’être